mardi 11 mai 2010
Etno Party: il était une fois dans l'Est (1).
C'était un jour de l'année 2004.
6 ans déjà.
Dans l'appartement vieillot d'un ami, en plein coeur de la banlieue grise de Budapest.
Une certaine frontière avec les Balkans, tous proches.
C'était une fin d'après-midi. Le soleil perçait les rideaux en simili-dentelles, pour irradier l'appartement, en enfin, mon visage englué par une sieste encore trop récente.
L'ami dont je parlais revenait à peine d'un séjour en Roumanie, juste à coté.
Dans ses valises, outre les souvenirs éthyliques, il y avait aussi une relique musicale contemporaine, qui attira de suite ma curiosité.
Une cassette audio, sobrement intitulé, « Etno Party ».
Sur la jaquette, vous le constaterez vous-mêmes, un savant mélange de photoshop amateur et de bon goût rural roumain. Rigolez pas, parfois, les jaquettes de mix-tape hiphop sont parfois pires.
Mon ami se mit à me décrire le contenu de la cassette.
« Truc de dingue, c'est de la dance music folklorique ! »
Il continua sa description en me racontant le fait que cette musique est présente partout là-bas, contentant aussi bien les jeunes que les vieux, dans les bus, les gares, les taxis, les restaurants...
Nous passâmes à l'écoute.
Radu Ille, le morceau : Sam sa cant sa cant.
http://www.mediafire.com/?iyjtmg0tzjz
Le bonhomme, issu des montagnes du Maramures, dans le nord de la Roumanie, est un peu une superstar de l'Etno, (et pas du Manele, qui est une musique plus urbaine, nous y reviendrons), tendance rurale.
Bling Bling Folk, habits traditionnels et bimbos qui sentent le foin fraichement coupé.
Audis flamboyantes sur les chemins sans bitumes des montagnes roumaines.
Voilà pour l'esthétique.
Le morceau me paraissait insensé à l'époque. Il relevait pour moi d'un mariage sonore impossible, et déjà bien digéré par les roumains. Alors, que le hip-hop, le dub, la drum n' bass, était quelque chose de bien vivant pour moi.
Non, là-bas, dans un pays qu'on dit, pauvre, éloigné, renfermé, les petits producteurs sans le sous de l'Etno, s'amusaient avec les rythmes digitaux, comme on joue avec des vieux Playmobils trouvés et mélangeaient (et le font toujours) ça avec les vieux airs de la chanson roumaine, paysanne, tzigane (Manele, aussi en Bulgarie et jusqu'en Turquie) ou plus Lover Style.
De la drum n' bass du Maramures,
du reggae digital de Bucarest,
du hip-hop fusion accordéon de Cluj.
Le tout, resservi avec des échos du chanteur, et une bonne dose de Kitsch balkanique.
Bien sur, ces morceaux, ne parleront pas aux puristes, tant de musiques électroniques, et autres « Basseries » que de musiques traditionnelles.
Bien sûr, on peut parler de mauvais goût, mais je porte un point d'honneur à pourfendre le snobisme culturel.
La sono mondiale, à l'envers. Quand la musique traditionnelle, folklorique, digère le digital, et pas l'inverse.
Pour une fois.
Lors de mes voyages en Roumanie, j'ai ramené à chaque fois un album de Radu Ille.
Chaque morceau est un signe de cette mondialisation sonore, pour le meilleur ou le pire.
Là-bas, presque tout le monde écoute ça, je le répète.
Maintenant, ces morceaux résonnent, dans l'est parisien, au moins, lors de séances d'écoutes furieuses et désespérées, nous faisant presque regretter d'être né sous la Marne et pas le Danube.
Jetez une oreille sur ce type, et sur d'autres bien d'autres, dont je parlerais plus tard.
Et pour le plaisir, le clip ! Une autoroute, des nanas qui se trémoussent, et l'inénarrable Radu.
( à suivre, d'autres aventures musicales au bord du Danube, du Hip-Hop roumain au festival de Guca, en passant par la pop-trance turc).
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